2022-2026
Celtic Brass Coins : Regards croisés sur les alliages monétaires en laiton dans la culture laténienne : nouvelles perspectives sur les pratiques monétaires au sein des sociétés celtiques
Projet ANR PRC 2022-2026 (48 mois) porté par Sylvia Nieto-Pelletier
Partenaires du projet : UMR 7065 IRAMAT, UMR 6273 CRAHAM, Bibliothèque nationale de France, Bibracte EPCC, Musée d’Archéologie nationale, Maison des Sciences de l’homme Val de Loire
Celtic Brass Coins propose d’entreprendre un programme d’envergure sur les alliages monétaires en laiton à l’échelle de la Gaule au second âge du Fer afin de livrer un panorama sans précédent de ces émissions, des pratiques monétaires associées mais également de renseigner les choix techniques et les usages auxquels renvoie l’introduction de ce nouvel alliage dans les économies monétaires. Des données archéométriques, numismatiques, archéologiques, historiques et spatiales seront rassemblées et croisées et permettront de replacer l’introduction du laiton à la fois au sein de dynamiques propres à la société celtique et dans le paysage politique post-conquête qui se met en place dans la seconde moitié du Ier s. av. n. è.
Au-delà des considérations économiques, monétaires et techniques, Celtic Brass Coins éclairera également le rôle des autorités émettrices à la fin du second âge du Fer et des réseaux d’échanges à l’origine et/ou initiés par ces productions.
Dans cette perspective, plus de 4000 monnaies et 2000 objets seront analysés selon des méthodes non destructives afin d’identifier les émissions concernées et initier une réflexion plus large sur l’introduction du laiton dans la culture matérielle laténienne. Les analyses seront réalisées au sein des collections publiques les plus importantes et des développements méthodologiques seront entrepris à l’IRAMAT sur ces alliages cuivreux.
Le projet fédère six acteurs majeurs de l’archéométrie, de l’archéologie et de la numismatique celtique et romaine et contribue à affirmer une archéométrie pleinement intégrée aux problématiques archéologiques et historiques.
Celtic Brass Coins est soutenu par l’International Research Network NEMESIS du CNRS.
Au-delà de la monnaie : le laiton dans tous ses états à Bibracte
L’équipe Celtic Brass Coins s’est déplacée en octobre et novembre 2024 à Bibracte, pour un nouveau volet analytique.
Les vestiges matériels qui ont été sélectionnés pour le projet proviennent de contextes variés (habitats, bâtiments publics, lieux cultuels, quartiers d’artisans du métal, nécropoles) et offrent la possibilité de mieux percevoir l’arrivée du laiton sur ce site de référence pour la culture laténienne et plus largement en Gaule.
Pendant un mois, les analyses par pXRF effectuées par les membres du projet, Camille Bossavit, ingénieure de recherche (IRAMAT, Orléans) et Pierre Mazille, chargé de mission spécialiste de l’artisanat des métaux non-ferreux aux périodes anciennes (Bibracte EPCC), se sont concentrées sur un large échantillon de 1132 vestiges archéologiques en alliages cuivreux (objets finis et résidus d’artisanat métallique). Certains sont datés par leur typologie, à l’image des fibules, et d’autres par leur stratigraphie. Les analyses ont également porté sur un échantillon de 52 monnaies en complément de la campagne d’étude menée dans le médailler de la BnF.
Les échantillons archéologiques dans leur ensemble, présentant des états de conservation variés, posaient de nouvelles problématiques quant à leur étude analytique par rapport à des objets muséaux. En dépit de cette limite, la méthode par pXRF a bien permis d’identifier des alliages de laiton, observation confirmée par la possibilité d’intervenir mécaniquement sur la surface de plusieurs échantillons, fournissant ainsi des points de comparaison entre la matière externe, sous forme oxydée, et la matière métallique.
Les premiers résultats indiquent que le laiton (cuivre-zinc) est bien représenté sur l’oppidum, aux côtés du bronze (cuivre-étain) qui reste largement majoritaire. Les prochaines analyses des quelque 300 objets exposés au musée de Bibracte viendront compléter le corpus étudié (objets finis de tous types, monnaies et résidus des ateliers d’artisans du site) et permettront d’affiner les premières observations avant le traitement final des résultats, et le croisement des données analytiques avec les informations typologiques et stratigraphiques.