Bisannuel, depuis 2016
Le Prix européen d’archéologie Joseph Déchelette met en avant les travaux d’un jeune archéologue protohistorien, en le soutenant dans le moment qui suit l’achèvement de sa thèse de doctorat.
Un prix pour les jeunes archéologues
Le Prix européen d’archéologie Joseph Déchelette créé en 2016 vise à mettre en avant les travaux d’un jeune archéologue protohistorien, en le soutenant dans le moment qui suit l’achèvement de sa thèse de doctorat, un moment critique dans la carrière de tout chercheur.
Ce prix est articulé avec l’École européenne de Protohistoire de Bibracte dont les séminaires réunissent, chaque année, les doctorants en Protohistoire européenne.
Créé en 2016, le prix est porté par l’association Joseph-Déchelette. Bibracte en assure le secrétariat, aux côtés des partenaires suivants :
. le Ministère de la Culture
. la ville de Roanne / musée des Beaux-Arts et d’Archéologie Joseph Déchelette
. le Römisch-germanisches Zentralmuseum (RGZM)
. le Laténium / parc et musée d’archéologie de l’Etat de Neuchâtel
. l’association pour les recherches sur l’âge du Bronze (APRAB)
. l’association française pour l’étude de l’âge du Fer (AFEAF)
. l’European Association of Archaeologists (EAA)
. le musée d’Archéologie nationale
. la Prehistoric Society
. la Société préhistorique française
Le jury du prix réunit des membres de ces institutions, sous la présidence d’Anne-Marie Adam, présidente du conseil scientifique de Bibracte.
2024
Carole Quatrelivre, docteur de l’École normale supérieure (Paris)
Carole Quatrelivre est archéologue et étudie actuellement les processus de construction des territoires gaulois, dans leurs dimensions sociales et économiques.
Elle découvre l’archéologie protohistorique avec Jean-Paul Guillaumet à l’Ecole du Louvre et fait ses premiers pas dans l’étude des collections archéologiques avec Jenny Kaurin et Stéphane Marion. A leur contact, elle développe un goût pour l’analyse des objets métalliques, qu’elle retrouve lors de son Master à l’Ecole normale supérieure de Paris (2015-2017). Encadrée par Stéphane Verger, Jenny Kaurin et Gérard Bataille, elle reprend l’étude des collections du sanctuaire gaulois de Gournay-sur- Aronde (Hauts de France), au musée Antoine Vivenel (Oise). Puis, ce travail se poursuivant dans un cadre collaboratif, elle élargit ses perspectives de recherche sur le plan géographique, temporel et méthodologique.
En 2017, elle obtient un contrat doctoral auprès de l’Ecole normale supérieure pour analyser les dynamiques culturelles et les systèmes de peuplement du second âge du Fer en Ile-de-France, sous la direction de Stéphane Verger et de Pierre Nouvel. Intitulée À la recherche des Parisii : dynamiques culturelles et territoriales de la région parisienne (Ve-Ier s. av. n. è.), sa thèse associe l’étude de la « culture matérielle » aux analyses statistiques et spatiales.
Dans l’objectif de développer ses outils de recherche, elle part un mois en 2020 à l’université Christian-Albrecht de Kiel (Allemagne), grâce à une bourse de l’Office allemand d’échanges universitaires (DADD).
Forte du succès de ce séjour, elle y retourne après la soutenance de sa thèse en septembre 2023, comme post-doctorante rattachée au centre de recherche 1266 Scales of Transformation – Human-Environnemental Interaction in Prehistoric an Archaic Societies.
Son travail, qui se place dans une double perspective, porte une vraie perspective européenne.
Ses recherches s’insèrent aujourd’hui dans une perspective européenne.
Elle travaille avec Oliver Nakoinz (université de Kiel) et Simon Stoddart (université de Cambridge) sur les interactions aux âges du Fer entre la mer Baltique et la Méditerranée.
PAULINE HART BÉNÉFICIAIRE D’UNE MENTION SPÉCIALE DU JURY DU 5ÈME PRIX EUROPÉEN JOSEPH DÉCHELETTE
Le jury a également décidé d’accorder une mention spéciale à Pauline Hart.
Pauline Hart a soutenu en 2022 à l’université de Strasbourg et à l’université Albert- Ludwig de Fribourg-en-Brisgau une thèse de doctorat intitulée Foyers et Structures de chauffe domestiques des âges des métaux : de la méthode d’analyse dynamique des structures à l’apport de l’ethnologie et au cas particulier des structures à pierres chauffées.
Le projet de recherche qu’elle a soumis au prix s’intitule pour sa part : Pierres chauffées archéologiques en Europe occidentale : une étude interdisciplinaire, interculturelle et diachronique. Son objet est l’étude des dispositifs très divers qui mobilisent des pierres chauffées, pour la cuisson et le chauffage notamment, de la préhistoire récente à l’époque romaine.
Le jury a vivement apprécié l’alliance de compétences pratiques d’archéologues de terrain, mobilisés par la candidate pour faire parler des matériaux d’études en apparence ingrats, d’une démarche ethnologique comparative amorcée dans la thèse et en plein développement, enfin de la mobilisation d’une approche d’anthropologie des techniques, le tout avec l’ambition d’élargir le terrain d’étude à l’Europe occidentale à partir du corpus initial qui concernait la France orientale et les régions rhénanes. Au total, le projet de recherche a le grand mérite de proposer une approche résolument interdisciplinaire de faits archéologiques, qui pourra ultérieurement être appliquée à d’autres catégories de vestiges.
2022
Thibaud Poigt, docteur en archéologie (TRACES Toulouse - Ausonius Bordeaux)
Originaire du village de Hastingues dans les Landes, Thibaud Poigt s’intéresse dès l’enfance aux vestiges matériels des époques anciennes. Après une formation scientifique au lycée, il intègre en 2007 la Licence d’Histoire de l’Art et d’Archéologie de l’Université Bordeaux Montaigne.
Il se forme ensuite à la recherche et au travail de terrain, notamment auprès d’Alexis Gorgues sur le site de Malvieu (Saint-Pons-de-Thomières, Hérault). C’est à ses côtés qu’il se lance dans un mémoire de Master, sur les marqueurs de pratiques de production et d’échange déposés en contexte funéraire au cours de l’âge du Fer. Avec déjà une dimension européenne, puisqu’il travaille sur les territoires français et espagnols. Ce travail universitaire l’amène à étudier des poids de balance, déposés dans des tombes de la période Ibérique sur le littoral valencien. Il constate alors l’hétérogénéité des données sur le sujet à l’échelle européenne : le sujet de sa thèse est alors trouvé ! Il écrit un premier projet de recherche en 2013, puis s’inscrit en thèse sans financement à l’université Toulouse Jean-Jaurès en 2014, sous la co-direction de Pierre-Yves Milcent et d’Alexis Gorgues. En 2015, il décroche une bourse d’un mois de la Casa de Velázquez (Madrid) qui lui permet de sillonner l’Espagne pour étudier des instruments de pesée conservés dans différents musées et collections. L’année suivante, il intègre l’Ecole des Hautes Etudes Hispaniques et Ibériques (EHEHI) de la Casa de Velázquez en tant que membre pour une durée de deux ans. Il soutient finalement sa thèse en septembre 2019, et la publie au printemps 2022 dans la collection numérique Dan@ des Editions Ausonius.
Sa thèse a pour objet : Les instruments de pesée en Europe occidentale aux Âges des Métaux (XIVe-IIIe s. av. n.è.). Conception, usages et utilisateurs. Le jury du prix a apprécié cette thèse originale autant par son sujet que par le protocole d’analyse mis en place. Elle propose en effet une vision renouvelée des échanges et de l’économie des sociétés protohistoriques, en développant une approche archéologique et anthropologique subtile pour appréhender l’histoire longue des modalités de mesure de la valeur dans les sociétés dépourvues d’écriture et de systèmes monétaires institutionnalisés.
2020
Marilou Nordez, docteur de l'université Jean Jaurès de Toulouse
Marilou Nordez a soutenu brillamment une thèse de doctorat en 2017 à l’université de Toulouse Jean-Jaurès sur L’âge du Bronze moyen atlantique au prisme de la parure : Recherches sur les ornements corporels de France et des régions voisines (XVe-XIVe s. av. notre ère), thèse qui a déjà fait l’objet d’une publication monographique. Elle occupe actuellement un poste de chercheur post-doctoral au sein du programme de recherche Celtic Gold cofinancé par les agences nationales de la recherche française et allemande, ce qui lui permet d’ouvrir son champ de compétence à l’âge du Fer.
Marilou Nordez a développé une méthode intégrée d’étude des bijoux. Elle s’appuie sur une approche « typo-chronologique » classique, qu’elle complète de façon originale par des analyses archéométriques, pour préciser la composition du métal, et technologiques, pour restituer les chaînes de fabrication. Ces données lui permettent d’interroger le concept d’« âge du Bronze moyen atlantique », de restituer des processus techniques jusqu’alors non identifiés à une époque aussi ancienne et de préciser les transferts de matières premières, d’objets et de techniques à l’échelle du Nord-Ouest européen. La dotation du prix lui permettra d’élargir le champ chronologique de son enquête sur les parures de la façade atlantique de l’Europe à l’ensemble de la Protohistoire (IIe et Ier millénaires avant notre ère).
2018
Sasja van der Vaart-Verschoof, conservatrice au musée national des Antiquités de Leyde (Pays-Bas)
Sasja van der Vaart-Verschoof, universitaire néerlando-américaine, a obtenu son doctorat à la Faculté d'archéologie de l'Université de Leyde, avec un mémoire sur les sépultures de l’élite du début de l'âge du fer des Pays-Bas.
En plus d’avoir consacré son mémoire de master, puis son doctorat, aux sépultures de l'élite du début de l’âge du Fer des Pays-Bas, Sasja van der Vaart-Verschoof a également initié, co-organisé et publié un séminaire international pendant sa thèse de doctorat, sur les connexions et interactions à grande échelle au début de l’âge du Fer. Tant ce séminaire que sa thèse de doctorat ont démontré l'intérêt d'une perspective européenne sur ces tombes si l’on veut comprendre les contacts à grande échelle qui existaient au sein des membres de l’élite de cette époque, qui fut déterminante pour la construction des sociétés européennes.
Cette époque a en effet vu une émergence sans précédent des élites, qui étaient été enterrées avec des armes, de la vaisselle et des chariots en bronze dont les décors avaient une signification cosmologique – Joseph Déchelette a été l'un des premiers à décrire et cataloguer de tels objets dans son Manuel d'Archéologie. Ces "tombes princières" se trouvent principalement dans la culture dite « hallstattienne » d'Europe centrale (nommée d’après un site des Alpes autrichiennes), mais des sépultures dotées des mêmes objets se trouvent également dans des régions périphériques, avec une concentration particulière aux Pays-Bas, ce qui indique des contacts directs sur des centaines de kilomètres. Après avoir étudié en détail les sépultures des élites du territoire des actuels Pays-Bas et de la Belgique, Sasja van der Vaart-Verschoof poursuit ses recherches sur cette période en examinant comment ces tombes se rapportent à celles trouvées en France, en Allemagne et en Autriche, ainsi qu'à d’autres plus lointaines.
2016
Eneko Hiriart, docteur de l'université de Bordeaux-Montaigne
Dès son enfance, Eneko Hiriart voyage dans l’espace et le temps sur les pages de l’Iliade et l’Odyssée, se passionne pour l’Histoire de l’Antiquité, la Mésopotamie, l’Égypte et la numismatique. Adolescent, il participe à des sorties culturelles grâce à des associations locales : « je visitais des sites patrimoniaux, des châteaux, des églises. À Rome, lors d’un voyage, je suis fasciné par la basilique Saint-Clément dont les vestiges m’invitent à la découverte de quinze siècles d’histoire ». Aussi, Eneko passe une licence d’Histoire à l’université du Pays basque (Espagne) et un master en Archéologie à l'université Bordeaux-Montaigne (UBM). Il participe à de nombreuses fouilles archéologiques, dans des grottes du paléolithique, des sites de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer. Bénéficiant d’un contrat doctoral et de plusieurs bourses, il effectue un doctorat à l’UBM et passe sa thèse brillamment avec félicitations du Jury. Cours, séminaires, conférences, publications jalonnent son parcours.
« Ma thèse sur Les pratiques économiques et monétaires entre l’Èbre et la Charente (Ve - er siècle av. J.-C.) cherche à comprendre comment l’arrivée de la monnaie révolutionne progressivement l’économie et la société. Mes recherches s’insèrent dans la continuité de celles initiées par Joseph Déchelette qui a été le premier à comparer des sites protohistoriques à l’échelle européenne. En accord avec cet héritage scientifique, mon attention se centre sur une approche du monde celtique dans son ensemble» précise Eneko Hiriart.
Après avoir été lauréat du prix, il a rejoint le CNRS et travaille à l’antenne de Bordeaux du laboratoire IRAMAT.
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