Le 5ème prix européen d’archéologie Joseph Déchelette a été remis le 15 juin 2024
dans l’enceinte de la bibliothèque du musée Joseph Déchelette (Roanne), à Carole
Quatrelivre, docteur de l’École normale supérieure (Paris).
Sur la photo : De gauche à droite : Yves Nicolin, maire de Roanne, Vincent Guichard, directeur général BIBRACTE EPCC, Carole Quatrelivre, lauréate du Prix J. Déchelette, Jean-Jacques Banchet, adjoint à la culture, Pierre Nouvel, Pierre Nouvel, professeur d’archéologie romaine à l’université de Bourgogne, Pauline Hart, nominée du Prix J. Déchelette, Anne-Marie Adam, présidente du jury, Gilles Déchelette, président de l’association Joseph Déchelette, Claude Mordant, professeur émérite à l’Université de Bourgogne.
LE PRIX EUROPÉEN D’ARCHÉOLOGIE JOSEPH DÉCHELETTE
Joseph Déchelette, industriel et savant né à Roanne (Loire) en 1862, disparait prématurément sur le front de la Grande Guerre en 1914 à Vingré (Aisne). Il fut l’un des fondateurs de l’archéologie européenne.
Référence à ce grand savant, le prix vise à mettre en avant les travaux d’un(e) jeune archéologue, en lui apportant son concours, à l’issue de la soutenance de sa thèse de doctorat, un moment critique de la carrière de tout chercheur. À l’issue d’un appel à candidatures mené de novembre 2023 à mars 2024, un jury scientifique international s’est réuni pour départager les 32 candidatures européennes de 9 nationalités différentes, issus de 29 universités européennes.
Le Prix européen d’Archéologie Joseph-Déchelette a l’ambition de combler un manque de reconnaissance du monde de l’Archéologie : ce prix est une innovation dans cette discipline scientifique. Ses critères d’attribution comprennent les valeurs qui distinguèrent Joseph Déchelette de son vivant : ouverture d’esprit, dimension européenne de la réflexion, rigueur intellectuelle, sens pratique. Il se veut largement ouvert à la communauté archéologique internationale. Il concerne les jeunes chercheurs ayant soutenu leur thèse de doctorat depuis moins de deux ans, sur un sujet concernant la Protohistoire européenne (âges des métaux). Afin de ne pas établir de restriction sur la langue de rédaction de la thèse, il est demandé aux candidats d’en fournir un résumé en français ou en anglais, ainsi que des perspectives de travail pour l’année suivant l’attribution du prix.
Le prix est doté d’une enveloppe de 10.000 € se répartissant ainsi : le ministère de la Culture et de la Communication pour 4.000 €, l’association Joseph-Déchelette pour
4.000 € et le Leibniz-Zentrum fur Archäologie (LEIZA, Mayence) pour 2.000 €. La diversité des partenaires témoigne de l’ancrage européen du prix.
S’y ajoutent plusieurs gratifications en nature sous la forme d’un colloque organisé par le musée d’Archéologie nationale et de séjours de recherche dans des institutions européennes – LEIZA, Laténium (Suisse), Bibracte, sans oublier la bibliothèque du musée des beaux-arts, d’archéologie et des arts décoratifs Joseph-Déchelette, d’une exceptionnelle richesse.
Le prix est traditionnellement remis au lauréat par le président de l’association Joseph- Déchelette lors des Journées européennes de l’Archéologie dans l’enceinte de la bibliothèque du musée Joseph-Déchelette, ancienne bibliothèque du savant.
CAROLE QUATRELIVRE, LAURÉATE DE LA 5ÈME ÉDITION
Carole Quatrelivre est archéologue et étudie actuellement les processus de construction des territoires gaulois, dans leurs dimensions sociales et économiques.
Parcours : Elle découvre l’archéologie protohistorique avec Jean-Paul Guillaumet à l’Ecole du Louvre et fait ses premiers pas dans l’étude des collections archéologiques avec Jenny Kaurin et Stéphane Marion. A leur contact, elle développe un goût pour l’analyse des objets métalliques, qu’elle retrouve lors de son Master à l’Ecole normale supérieure de Paris (2015-2017). Encadrée par Stéphane Verger, Jenny Kaurin et Gérard Bataille, elle reprend l’étude des collections du sanctuaire gaulois de Gournay-sur- Aronde (Hauts de France), au musée Antoine Vivenel (Oise). Puis, ce travail se poursuivant dans un cadre collaboratif,elle élargit ses perspectives de recherche sur le plan géographique, temporel et méthodologique.
En 2017, elle obtient un contrat doctoral auprès de l’Ecole normale supérieure pour analyser les dynamiques culturelles et les systèmes de peuplement du second âge du Fer en Ile-de-France, sous la direction de Stéphane Verger et de Pierre Nouvel. Intitulée À la recherche des Parisii : dynamiques culturelles et territoriales de la région parisienne (Ve-Ier s. av. n. è.), sa thèse associe l’étude de la « culture matérielle » aux analyses statistiques et spatiales.
Dans l’objectif de développer ses outils de recherche, elle part un mois en 2020 à l’université Christian-Albrecht de Kiel (Allemagne), grâce à une bourse de l’Office allemand d’échanges universitaires (DADD).
Forte du succès de ce séjour, elle y retourne après la soutenance de sa thèse en septembre 2023, comme post-doctorante rattachée au centre de recherche 1266 Scales of Transformation – Human-Environnemental Interaction in Prehistoric an Archaic Societies.
Son travail, qui se place dans une double perspective, porte une vraie perspective européenne.
Ses recherches s’insèrent aujourd’hui dans une perspective européenne.
Elle travaille avec Oliver Nakoinz (université de Kiel) et Simon Stoddart (université de Cambridge) sur les interactions aux âges du Fer entre la mer Baltique et la Méditerranée.
PAULINE HART BÉNÉFICIAIRE D’UNE MENTION SPÉCIALE DU JURY DU 5ÈME PRIX EUROPÉEN JOSEPH DÉCHELETTE
Le jury a également décidé d’accorder une mention spéciale à Pauline Hart.
Ce choix s’argumente ainsi :
Pauline Hart a soutenu en 2022 à l’université de Strasbourg et à l’université Albert- Ludwig de Fribourg-en-Brisgau une thèse de doctorat intitulée Foyers et Structures de chauffe domestiques des âges des métaux : de la méthode d’analyse dynamique des structures à l’apport de l’ethnologie et au cas particulier des structures à pierres chauffées.
Le projet de recherche qu’elle a soumis au prix s’intitule pour sa part : Pierres chauffées archéologiques en Europe occidentale : une étude interdisciplinaire, interculturelle et diachronique. Son objet est l’étude des dispositifs très divers qui mobilisent des pierres chauffées, pour la cuisson et le chauffage notamment, de la préhistoire récente à l’époque romaine.
Le jury a vivement apprécié l’alliance de compétences pratiques d’archéologues de terrain, mobilisés par la candidate pour faire parler des matériaux d’études en apparence ingrats, d’une démarche ethnologique comparative amorcée dans la thèse et en plein développement, enfin de la mobilisation d’une approche d’anthropologie des techniques, le tout avec l’ambition d’élargir le terrain d’étude à l’Europe occidentale à partir du corpus initial qui concernait la France orientale et les régions rhénanes. Au total, le projet de recherche a le grand mérite de proposer une approche résolument interdisciplinaire de faits archéologiques, qui pourra ultérieurement être appliquée à d’autres catégories de vestiges.
LE JURY DE LA 5ÈME ÉDITION PRIX JOSEPH DÉCHELETTE
Il est composé de 12 membres :
• Anne-Marie Adam, professeur émérite à l’université de Strasbourg, présidente du conseil scientifique de Bibracte, représentant Bibracte, présidente du jury ;
• Sophia Adams, conservatrice au British Museum, membre du conseil de la Prehistoric Society, représentant celle-ci ;
• Philippe Barral, professeur à l’université de Franche-Comté, président de l’association française pour l’étude de l’âge du Fer (AFEAF) ;
• Gilles Déchelette, président de l’association Joseph Déchelette ;
• Dominique Dendraël, nouvelle directrice du musée Joseph Déchelette, représentant la ville de Roanne ;
• José Gomez de Soto, directeur de recherches émérite au CNRS, représentant la Société préhistorique française ;
• Marc-Antoine Kaeser, professeur titulaire à l’université de Neuchâtel, directeur du Laténium ;
• Jenny Kaurin, conservatrice au Service régional de l’archéologie de Bourgogne-Franche-Comté, représentant la Sous-Direction de l’Archéologie ;
• Claude Mordant, professeur émérite à l’université de Bourgogne, président de l’association pour les recherches sur l’âge du Bronze (APRAB) ;
• Laurent Olivier, conservateur général, responsable des collections d’archéologie celtique et gauloise, représentant le musée d’Archéologie nationale ;
• Sandra Péré-Noguès, maître de conférences à l’université Jean-Jaurès – Toulouse, personnalité qualifiée ;
• Martin Schönfelder, chercheur au Leibniz-Zentrum für Archäologie (LEIZA, Mayence).
LES PARTENAIRES
Pour cette 5ème édition, l’association Joseph-Déchelette bénéficie de partenariats avec différentes institutions françaises et européennes :
• le ministère de la Culture / direction générale des Patrimoines
• la ville de Roanne / musée d’archéologie et des beaux-arts Joseph-Déchelette
• le musée d’Archéologie nationale (MAN), Saint-Germain-en-Laye
• le Römisch- Leibniz-Zentrum für Archäologie (LEIZA), Mayence
• le Laténium, parc et musée d’archéologie, institution de la République et Canton de Neuchâtel
• l’association pour la promotion des recherches sur l’âge du Bronze (APRAB)
• l’association française pour l’étude de l’âge du Fer (AFEAF)
• la Société préhistorique française (SPF)
• la Prehistoric Society, Londres
• l’European Association of Archaeologists, Prague
ainsi que Bibracte EPCC / Centre archéologique européen, qui a assuré le secrétariat du prix.
LES PRÉCÉDENTS LAURÉATS
2022 : Thibaud Poigt
Sa thèse de doctorat soutenue en 2019 à l’université de Toulouse Jean-Jaurès portait sur les instruments de pesée en Europe occidentale aux âges des Métaux (XIVe-IIIe s. av. n.è.). Il occupe actuellement un poste de chercheur postdoctoral au laboratoire Ausonius (Bordeaux)
2020 : Marilou Nordez
Sa thèse de doctorat soutenue en 2017 à l’université de Toulouse Jean-Jaurès sur L’âge du Bronze moyen atlantique au prisme de la parure : Recherches sur les ornements corporels de France et des régions voisines (XVe-XIVe s. av. notre ère), thèse qui a déjà fait l’objet d’une publication monographique. Elle a été recrutée comme chargée de recherche au CNRS en 2023, au sein du Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire (CReAAH) de Rennes.
2018 : Sasja Van der Vaart-Verschoof
Sa recherche doctorale soutenue à l’Universiteit Leiden (Pays-Bas) portait sur les sépultures de l’élite du début de l’âge du Fer des Pays-Bas. Sasja est aujourd’hui consultante indépendante, alliant recherche archéologique et activités éditoriales.
2016 : Eneko Hiriart
Sa recherche doctorale soutenue à l’université Bordeaux-Montaigne, portait sur les pratiques économiques et monétaires entre l’Èbre et la Charente entre le Ve et le Ier siècle avant J-C. Il a aujourd’hui intégré les rangs du CNRS et il œuvre au sein du laboratoire bordelais Archéosciences.