Zoom sur les chantiers de fouilles 2025

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Le quartier du Parc aux Chevaux

Exploration de la frange sud-ouest de la terrasse PC 14

Du 5 au 30 mai 2025

Université Marie & Louis Pasteur (Besançon), université Bourgogne Europe (Dijon), université de Toulouse Jean Jaurès
Chantier dirigé par Philippe Barral, Benjamin Clément, Matthieu Thivet (université Marie & Louis Pasteur), Martine Joly (université de Toulouse Jean Jaurès) et Pierre Nouvel (université Bourgogne Europe)

La vaste clairière qui, depuis les domus PC1 et PC2, mène aux pieds du Theurot de la Roche, constitue l’un des secteurs privilégiés de l’oppidum du fait de son terrain plat et de sa position centrale au cœur du site. Les explorations de J.-G. Bulliot et J. Déchelette ont révélé dès le XIXe siècle l’existence de plusieurs dizaines de maisons de type romain déployées sur les flancs du replat, ainsi que deux très grandes plateformes, PC14 et PC15, situées directement en contrebas du Theurot.

Si les fouilles anciennes se sont le plus souvent contentées de repérer les maçonneries superficielles et donc les vestiges de l’occupation tardive du quartier, les chantiers qui se sont succédé à partir du début des années 2000 ont mis en lumière une évolution longue et complexe de l’habitat, couvrant tout le Ier siècle av. n. è. L’intégralité de PC15 et la portion septentrionale de PC14 ont été explorées grâce à la mobilisation de plusieurs équipes universitaires (université de Bologne, Université libre de Bruxelles, université Bourgogne Europe, université Marie & Louis Pasteur, Sorbonne université et université de Toulouse Jean Jaurès). Si PC15 se distingue par la présence d’un centre public monumental ayant précédé la construction de la plateforme maçonnée, PC14 fossilise quant à elle une zone d’habitat plus ancienne caractérisée par des bâtiments et des caves en bois d’un type bien connu dans les autres quartiers de l’oppidum.

Dans la continuité de ces recherches, un projet de fouille a été lancé en 2021 avec l’objectif de poursuivre l’étude du développement urbain de ce secteur, en s’appuyant sur les données anciennes, les fouilles récentes et les mesures géophysiques qui ont livré de nouveaux indices d’aménagements contemporains et antérieurs à la construction de PC14 et PC15. Au vu de ces enjeux, l’attention est notamment focalisée sur l’exploration de l’extrémité sud-ouest de PC14, afin de tenter de caractériser l’organisation et l’évolution de l’habitat et du réseau de voirie. Les résultats des trois dernières campagnes de fouille attestent une longue séquence d’occupation. La phase la plus récente correspond à l’installation de la terrasse PC14 dont les vestiges n’ont pas encore permis de comprendre la configuration spatiale au sud. À une phase immédiatement antérieure se rattache une maison à fondations maçonnées d’un type semblable à plusieurs bâtiments repérés sur le flanc du Theurot de la Roche et dont l’existence avait été révélée grâce aux prospections géophysiques. Cette maison, qui connaît plusieurs phases de réaménagement durant les trois dernières décennies du Ier siècle av. n.è., est à son tour installée sur les vestiges d’un habitat à ossature en bois qui se caractérise par des structures fossoyées de type cellier, caves, trous de poteaux et tranchées de fondation accueillant des poutres sablières basses, parfait exemple de l’architecture gauloise typique de l’oppidum avant la romanisation. Deux parcelles au moins, séparées par une venelle, ont pu être distinguées pour cette période, caractérisées par une présence récurrente de puits au sein de chaque parcelle.

Poursuivant les travaux engagés l’année dernière, la campagne 2025 se concentrera sur la portion méridionale de la fenêtre de fouille, avec pour objectif de compléter son exploration. Une attention particulière sera portée à l’étude des vestiges d’habitat en bois antérieurs à la construction de la maison à fondation en pierre. Ces vestiges peuvent être rattachés à au moins deux phases, dont la première remonte aux premières décennies de l’occupation de l’oppidum. L’étude des axes de circulation (rues, ruelles) qui définissent les parcelles et de leur évolution au fil des décennies permettra également d’avoir un aperçu de l’évolution de l’organisation urbaine d’un quartier central de Bibracte durant le Ier siècle avant notre ère.

Le Quartier du Champlain

Du 9 juin au 11 juillet 2025

Université de Rzeszów (Pologne) et Sorbonne Université
Chantier dirigé par Tomasz Bochnak (université de Rzeszów, Pologne) et Joseph Wilczeck (Sorbonne Université)

Sondés de manière systématique par J.-G. Bulliot à la fin des années 1860, les quartiers de la Côme Chaudron et du Champlain se distinguent par l’importante densité du bâti déployé de part et d’autre d’une avenue qui traversait le secteur à flanc de coteau pour joindre la Porte du Rebout aux quartiers centraux de l’oppidum. Entre 2000 et 2011, deux larges sondages ouverts de chaque côté de la voie avaient permis de redégager la première ligne de bâtiments en façade sur l’avenue, confortant l’interprétation de Bulliot qui voyait dans ce secteur le principal quartier artisanal de l’oppidum.

En 2013, les précédents sondages ont été prolongés vers l’amont dans le but de mieux apprécier l’organisation et la densité du bâti à mesure que l’on s’éloigne de la voie en direction du sommet de la Wivre. Cette nouvelle fouille montre de fait que les vestiges de construction sont nettement plus ténus au-delà de la première ligne de bâtiments. Mais un examen plus attentif de la stratigraphique suggère que la faible densité apparente du bâti est en partie le résultat d’une forte érosion causée par la mise en culture de la zone.

On discerne en effet des vestiges de constructions tronqués par l’érosion, sous la forme de deux caves, un puits et de nombreux lambeaux de terrasses artificielles, parfois délimitées par de possibles palissades et souvent associées à des taches rubéfiées signalant des foyers. La restitution de la géométrie des terrasses est délicate ; on note du moins que les plus importantes demeurent légèrement marquées dans la topographie. Ainsi, au moins cinq terrassements majeurs ont pu être reconnus, à l’évidence pas tous contemporains. L’ensemble des vestiges semble néanmoins pouvoir être rattaché à trois états successifs dont le deuxième, compris entre la Conquête et la période augustéenne, connaîtrait une réorganisation majeure de toutes les terrasses selon un projet concerté.

Après avoir été interrompue en 2019, la campagne 2023 a marqué la reprise de l’exploration de ce transect par l’élargissement de la fouille vers l’amont, dans le but d’atteindre le plateau sommital du Theurot de la Wivre. Cette extension a permis de documenter deux nouvelles terrasses (la sixième et la septième), montrant des traces d’occupation, bien que fortement érodées.

En 2025, dernière campagne de fouille dans le secteur, l’attention sera portée sur l’achèvement de l’exploration de ces terrasses supérieures et des restes d’occupation associés, afin d’obtenir une vision complète de l’aménagement du versant durant le Ier siècle avant notre ère

Le secteur des Grandes Portes

LE SYSTÈME DÉFENSIF DE L'OPPIDUM

Du 23 juin au 25 juillet 2025

Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, université de Bordeaux Montaigne, université Babes-Bolyai de Cluj-Napoca (Roumanie)
Chantier dirigé par Sophie Krausz (université de Paris 1 Panthéon Sorbonne), Clara Filet (université de Bordeaux Montaigne) et Clément Féliu (INRAP), Gélu Florea (université de Cluj-Napoca)

Située sur le versant sud-ouest du mont Beuvray, le secteur des Grandes Portes montre clairement dans sa topographie le tracé de deux remparts successifs de Bibracte, construits successivement à la fin du IIe et au Ier siècle avant notre ère. Celui du premier rempart “externe” est en partie oblitéré par celui du rempart “interne”, dont la construction est plus récente et plus imposante. La géométrie d’une porte “en tenailles” aménagée dans le rempart “externe” ou de deux portes qui se sont succédé dans les deux fortifications est encore aujourd’hui bien lisible sur le terrain. Les Grandes Portes ont probablement constitué l’un des accès principaux de l’oppidum, symétrique de la Porte du Rebout.

Dans l’objectif de mieux comprendre l’histoire des fortifications de Bibracte, leur nature et leur mode de fonctionnement, le chantier démarré en 2019 se déroule avec deux interventions : la réalisation d’une coupe à travers l’ensemble du dispositif de la fortification intérieure, à quelques dizaines de mètres au sud-est de la porte, et la fouille extensive du bastion méridionale de cette dernière.

Les fouilles de cette tranchée, qui se sont achevées en 2024, ont montré que le rempart est construit avec la technique du murus gallicus. Haut de 3 m et large de presque 8 m, il se compose d’un parement de blocs de pierre grossièrement équarris, situé en avant d’un blocage de pierres armé d’un système de poutrage. L’analyse de la distribution des clous, découverts pour la plupart à l’aplomb du parement, suggère la présence de longrines horizontales intégrées à la façade du mur en pierre. L’ensemble du système défensif a également été précisé. En aval du murus gallicus : un glacis formant escarpe, une terrasse avancée et peut-être un talus (arasé) formant contrescarpe. En amont, un replat formant un espace de circulation précède une pente rectifiée sur une douzaine de mètres. En 2022, l’enlèvement des assises de fondations du murus gallicus a conduit en fin de campagne à la découverte des vestiges du murus gallicus plus ancien, visiblement arasé et enseveli lors de l’édification du nouveau rempart et appartenant à la première enceinte de l’oppidum. L'étude du glacis inférieur du rempart L'étude du glacis inférieur du rempart a mis en lumière en 2023 et 2024 un fossé en V de 5 m de largeur à l'ouverture, conçu pour fonctionner avec la première enceinte, puis comblé et remplacé par une surface de circulation horizontale, à son tour remblayée lors de l’arasement de la première fortification en vue de la construction du nouveau rempart « interne ».

Au niveau de la porte, la fouille de 2023 a confirmé l’existence de deux, voire trois phases de construction du bastion. À chaque phase, la géométrie du bastion est modifiée, avec un déplacement du parement de plus de 3 m vers l’ouest, entraînant un élargissement important du couloir d’accès. Les premières traces en creux de la structure en bois de la porte ont pu être observées, ce qui laisse espérer, lors de la poursuite de la fouille du couloir, pouvoir obtenir les plans complets de ces structures de porterie.

Dans cette optique, la campagne de 2025 se focalisera sur la poursuite de la fouille de la porte. Elle visera notamment l’achèvement de l’étude du murus gallicus du bastion et l’exploration de la partie en aval, dans le but de dévier le chemin de randonnée – qui traverse actuellement le couloir antique de la porte – afin de pouvoir dégager de façon plus complète le bastion et le couloir de la porte à partir des prochaines années. La campagne sera également mise à profit pour compléter l’analyse du petit espace funéraire découvert juste en amont du bastion.

La quartier du Parc aux Chevaux

LA DOMUS PC2

Du 8 juillet au 29 août 2025

Chantier-école de Bibracte
Chantier dirigé par Oriane Rousselet et Andrea Fochesato (Bibracte) avec l'assistance d'Alice Pons et Alex Vauthier (CDD, Bibracte)

Tout comme sa voisine PC1 mais de dimensions moindres, il s’agit des vestiges d’une vaste demeure construite à la mode romaine (que l’on appelle domus) vers le changement d’ère ou peu avant. Au cours de l’été 1882, elle a fait l’objet d’une fouille par J.-G. Bulliot, ce qui a permis de révéler son plan. D’une superficie d’environ 1100 m2, elle est composée d’un bâtiment principal formant un carré de 30 m de côté auquel est accolée une extension de forme trapézoïdale dans sa partie orientale. L’objectif du chantier-école consiste à fouiller la domus de manière extensive.

Débutée en 2016, la progression de la fouille de la domus PC2 a permis d’appréhender la stratigraphie complète de la parcelle sur une petite surface et de mettre en évidence le procédé de fondation original de la domus, qui s’explique par le souci d’aligner son niveau de circulation de plain-pied sur celui de la rue qui la sépare de PC1, malgré un terrain en assez forte pente. Tous les murs de la maison ont été construits en élévation à partir du terrain d’origine, soit sur environ 1,5 m dans la partie amont de la parcelle, puis remblayés jusqu’au niveau de circulation (construction “en caissons”).

Cette technique de construction, qui surélève de façon importante le terrain d’installation, permet une conservation optimale des vestiges préexistent, piégés sous les importantes fondations. Ainsi, une longue séquence alternant les niveaux de construction, d’occupation et de destruction de plusieurs bâtiments sur poteaux ou à ossature en bois ont pu être mis au jour dans la partie orientale de la domus. La campagne de 2023 a permis notamment de compléter la fouille d’un bâtiment sur poteaux qui s’associe probablement à une cave en ossature en bois, dont la fouille – qui s’achèvera en 2024 – se révèle particulièrement difficile en raison de sa complexité stratigraphique, due à l’affaissement généralisé de tous les niveaux postérieurs à l’intérieur de son creusement.

Si l’ensemble de ces édifices se date autour du milieu du Ier siècle avant notre ère, dans la seconde moitié du siècle on assiste à un changement des modes architecturaux, avec l'adoption progressive des techniques architecturales romaines (sols en mortier, généralisation des fondations sur sablières basses). Plusieurs lambeaux de ces sols ont été reconnus en 2024 sous les fondations de la domus et la reconnaissance spatiale des bâtiments auxquels ils appartiennent constitue l’un des objectifs principaux de la campagne de 2025.

La Terrasse

Du 21 juillet au 22 août 2025

Université Masaryk de Brno et université Charles de Prague (République Tchèque)
Chantier dirigé par Petra Golanova (université de Brno) et Jan Kysela (université de Prague)

Après avoir achevé en 2023 l’exploration du sommet de la Chaume, l’équipe tchèque a ouvert en 2024 un nouveau sondage sur le talus de la voisine Terrasse, une esplanade presque carrée d’environ 1 hectare, délimitée par un talus très visible dans la topographie du secteur sommital du mont Beuvray. Déjà sondée au XIXe siècle, cet enclos a ensuite fait l’objet de différents sondages, ouverts entre 1986 et 1995. Ces derniers ont révélé la présence, au pied du talus, d’un fossé principal plus large, accompagné de petits fossés parallèles, interprétés comme des tranchées de palissade, installé sur une deuxième esplanade artificielle qui s’étend davantage vers le nord et l’ouest par rapport à l’enclos. Le talus exploré sur le côté sud de l’enclos se distinguait des tronçons étudiés dans les autres secteurs par la présence d’éléments en bois brûlés (d’une possible palissade) localisés sur le sommet du talus.

Les sondages réalisés à l’intérieur de l’enclos avaient en revanche montré un espace dépourvu de constructions. Dans les années 2010, le secteur a fait l’objet de plusieurs prospections géophysiques. Deux zones distinctes ont été prospectées : le plateau supérieur et l’esplanade ouest (à l’aide du géoradar), et le versant sud (à l’aide d’un magnétomètre, puis au géoradar). Les prospections magnétiques n’ont pas permis de signaler de potentielles structures archéologiques en raison du fort magnétisme du substrat rocheux. Quelques fossés ont été repérés par le géoradar ainsi que des bâtiments partiellement visibles sur les terrasses du versant sud, mais de manière générale, les prospections menées dans ce secteur sont peu évocatrices. En complément, des carottages ont été effectués en 2019 à l’intérieur de l’enceinte, puis la réouverture de quatre tranchées de fouille antérieures a permis d’échantillonner l’intégralité des dépôts archéologiques. La stratigraphie observée respecte presque partout la même organisation, avec une séquence composée, directement sous l’humus forestier, d’une couche claire appuyée sur une couche mélangée avec le substrat rocheux meuble, puis du substrat compact. La recherche n’a pas permis d’observer de structures archéologiques, hormis quelques cuvettes interprétables comme des vestiges de fosses. Les traces d’activités médiévales, fréquentes dans le voisin secteur de la Chaume, font défaut, mais une présence humaine ancienne (Néolithique et Protohistoire) est signalée par des tessons et des restes relativement nombreux d’industrie lithique.

À l’issue de ces recherches, la question de l’interprétation fonctionnelle et de la chronologie de l’aménagement de l’enclos de la Terrasse et de l’esplanade restait ainsi ouverte, ce qui a justifié l’ouverture d’une nouvelle tranchée à travers le talus ayant l’objectif de dater la structure par une approche stratigraphique et par échantillonnage systématique d’éléments pour datation radiométrique (14C, OCL, etc.). Les premiers résultats montrent que le talus topographiquement bien marqué masque en réalité non pas une structure de délimitation, mais deux aménagements superposés matérialisés par des vastes amas de pierres. 

L’objectif de la campagne 2025 est de compléter la fouille de ces deux structures afin de définir leur architecture, leur positionnement et datation relative et, si possible, leur chronologie afin de fournir d’éléments nouveaux à la compréhension de ce secteur sommital du mont Beuvray. 

La Pâture du Couvent

L'ILOT DES GRANDES FORGES

Du 4 au 29 août 2025

Université Eötvös Loránd, Budapest
Chantier dirigé par Laslo Borhy, Daniel Szabó et Lörinc Timar

Situé au cœur de l’oppidum, le vaste replat de la Pâture du Couvent a fait l’objet d’une attention particulière dès la fin des années 1980. Les fouilles à grande échelle, provisoirement interrompues depuis 2010, ont révélé la physionomie de ce secteur central de Bibracte. Tracée dès les premiers temps de l’oppidum, l’avenue principale forme avec ses rues perpendiculaires la trame de l’espace urbain. Tout au long du Ier siècle avant notre ère, le bâti se développe en bordure de ces voies, dans un premier temps avec des édifices en bois pourvus de celliers. Au lendemain de la Conquête le quartier subit une profonde transformation : un bassin en pierre, singulier par sa forme issue d’un tracé géométrique rigoureux, prend place au centre de l’avenue qui est alors élargie jusqu’à atteindre 17 m, tandis qu’un vaste complexe public est édifié à l’est sur le modèle du forum romain. Ce dernier, nommé « îlot “des Grandes Forges” depuis les sondages réalisés à la fin du XIXe siècle par J. Déchelette, se compose d’un ensemble monumental complexe qui témoigne de l’apparition précoce de modèles architecturaux romains à Bibracte. Au centre trônait une basilique rectangulaire flanquée de cours pourvues de portiques. L’accès au forum se faisait côté rue, via une entrée située dans une longue galerie bordée de pièces de taille uniforme, peut-être des boutiques. Alors qu’à la même période le reste de l’oppidum est encore fortement ancré dans la tradition architecturale gauloise, cet ensemble adopte d’ores et déjà les formes et les matériaux propres à l’architecture romaine, notamment des sols en béton, des colonnes en calcaire ornées de chapiteaux toscans et corinthiens ou encore des toitures en tegulae ornés d’antéfixes à masques humains.

Cet ensemble monumental, édifié sur d’anciennes constructions en bois, n’a fonctionné que peu de temps. Ravagé par un incendie, il est rasé et remplacé au début de l’époque augustéenne, vers 15 avant notre ère, par une structure en pierre, aussi vaste, mais de plan sensiblement différent. Le fait qu’elle succède à un forum et l’absence d’éléments de confort domestique (foyers, thermes, etc.) suggèrent qu’elle avait également une fonction publique.

Si la cour occidentale et sa galerie ouverte sur la voie, ainsi que la basilique centrale, ont fait l’objet de fouilles approfondies durant les années 2000, la cour orientale qui s’étend entre l’abri de protection des vestiges et la forêt reste encore mal connue. Quelques sondages ponctuels et les prospections géophysiques qui ont abondamment couvert la zone permettent d’ores et déjà de dresser un premier plan du complexe et d’apercevoir quelques détails de son architecture (existence d’un péristyle, d’un aqueduc souterrain, etc.).

Le nouveau projet de fouille de la cour orientale, démarré en 2023 avec un premier sondage d’évaluation, vise, à partir de ces données préliminaires, la mise au jour intégrale de l’ensemble monumental. Les deux premières campagnes ont permis de confirmer l'état de conservation remarquable des vestiges architecturaux et des sols stratifiés, largement épargnés par la construction du couvent franciscain et par les fouilles du XIXe siècle. Cependant, la présence d’un mur de clôture du couvent, qui divise le sondage en deux zones, complique la lecture des vestiges antiques. Néanmoins, trois états de construction maçonnés datés du Ier siècle avant notre ère ont d’ores et déjà pu être identifiés, dont le premier semble pouvoir être mis en relation avec le complexe du forum.

En 2025, la fouille préalable du mur de clôture médiéval permettra d’obtenir une vision d’ensemble exhaustive des états de construction antiques mis au jour dans le sondage. Cela servira de base pour la poursuite des explorations vers le cœur de la cour orientale de la parcelle.